Pour cet article nous sommes allés à la rencontre de la plus grosse brasserie sarthoise : Mage Malte. Nous avons rencontré Cédric qui nous a fait visiter la brasserie et nous a dévoilé le secret de leur potion houblonnée.
Mage malte est une brasserie basée à Mamers créée en 2016 par deux passionnés Cédric et Franck. Après une formation sur les techniques de brassage à Lyon, le projet est lancé. La Sarthe a été un choix avant tout familial car ils vivaient déjà dans la région et se plaisaient à Mamers. Cependant la création d’une brasserie vient de multiples inspirations et recherches qui permettent de se créer une identité propre. Cédric nous partageait ainsi son expérience dans la brasserie La Soyeuse, où il a passé quelques mois en stage ce qui lui a permis de tirer des enseignements pour son projet. Un an après le début de la production, les premières médailles apparaissent et la brasserie est lancée.
Le déclic à l’origine de cette entreprise est tout simplement dû à la dégustation d’une bière artisanale du sud du Mans faite par le Tailleur de bière. Les possibilités de découverte de saveurs nouvelles a motivé Cédric a exploré ce nouveau métier ensuite rejoint par son beau-frère. Tout s’est fait assez naturellement même si les deux premières années ont été assez dures financièrement. Puis, de fil en aiguille, ils ont doublé leur production tous les hivers pour répondre à la demande. Leur motivation première est de travailler en s’amusant pour être toujours curieux et essayer de nouvelles choses. L’objectif pour eux est maintenant de pouvoir s’installer dans de nouveaux locaux plus grands pour augmenter une fois de plus leur capacité de production. Grâce au recrutement de nouveaux brasseurs, ils souhaitent se dégager plus de temps pour optimiser leurs outils de travail et prendre du recul sur les futurs projets.
Pour Cédric les hypothèses qui ont permis un développement plus rapide de Mage Malte sont principalement liées à la communication et aux influences médiévales et pop cultures qui peut parfois tendre sur l’univers geek. Ce qui est essentiel en revanche, c’est d’avoir un bon fond et une bonne énergie pour convaincre les clients.
Avant la crise sanitaire le développement de la vente était très orienté localement avec quelques caves et bars dans l’ouest notamment à Rennes et Nantes. Cependant, la fermeture des bars et caves leur a permis d’explorer la livraison. Ils ont mis au point une caisse en carton qui résiste aux chocs qu’ils ont testé à 4 reprises pour s’assurer de la solidité et de l’arrivée des bières entières. Cela leur a permis de s’étendre sur des Marketplace pour les pros (cavistes et épiceries fines) et de se développer plus loin comme à Marseille ou dans les pays proches tel que l’Angleterre, la Belgique, l’Allemagne ou encore l’Italie.
Cédric nous a donné de bons arguments pour que vous commenciez à goûter, à tester des bières artisanales. Tout d’abord, il n’y a pas de produits étranges et dont on ne connaît pas vraiment les effets secondaires tels que les additifs, les édulcorants, une surdose de sucre (ça on sait ce que ça fait). Il y a aussi l’effort de mettre de la bonne qualité et de faire de la qualité dans les brasseries craft. Ces brasseries participent aussi à l’économie locale. Par exemple, Mage Malte a embauché une secrétaire et deux brasseurs et organise des évènements ou parraine des associations locales.
Si vous voulez déguster des bières artisanales et que vous voulez commencer chez Mage Malte, Cédric vous conseille la bière triple “Archimage”. C’est grâce à cette bière que la brasserie a gagné des médailles et s’est faite connaître. Cédric nous raconte qu’il a beaucoup de retours d’anecdotes de soirées de clients qui ont bu cette bière.
En ce qui concerne l’évolution des recettes, la blonde a déjà été modifiée 14 fois et l’ambré en est à sa 6ème version. Cédric nous explique que les bières sont toujours en évolution, pour garder le même produit, il faut en permanence ajuster les saveurs et les taux d’alcool car les houblons et les céréales ne réagissent pas de la même manière d’une année à l’autre.
Pour une nouvelle recette, il faut minimum 3 versions au brasseur pour avoir le produit qu’il attend. La prochaine à venir est une bière à la cerise qui n’est pas encore au point car trop foncée. Et oui, même la teinte compte dans une bonne bière !
La brasserie compte une dizaine de bières qui tournent tout au long de l’année mais c’est le manque de capacité qui limite la production de nouvelles bières. Mage Malte concentre donc sa production sur les bières classiques et les bières éphémères qui sont demandées par les clients. Cependant, l’équipe de brasseur ne manque pas d’idées et a une bière blanche est en prévision.
Ce qui nous a marqué après notre entretien avec Cédric c’est la volonté de l’équipe d’aller au bout des choses et de trouver des solutions quitte à perdre du temps et de l’argent lorsque l’objectif est important.
Cet objectif a d’abord été porté sur le recyclage et la volonté d’avoir un bon produits grâce à l’utilisation de produits bio. La suite de la démarche a porté sur la mise en place d’une consigne des bouteilles. Pendant 3 ans ils ont investi dans des bouteilles lavables et réutilisables, dans des étiquettes détachables facilement cependant de nombreux soucis ont valu un échec à cet objectif.
Tout d’abord ils n’ont jamais réussi à laver de manière efficace toutes les bouteilles car les consommateurs ne savaient pas qu’il fallait rincer les bouteilles après l’avoir vidée pour enlever le dépôt naturel de la bière. Ensuite les consommateurs ramenaient toutes les bouteilles en verre qui ne sont pas forcément réutilisables ce qui entraînait un re-triage derrière, pénible et chronophage. Tout n’est pas pour autant perdu avec la prise de contact récente d’une entreprise de nettoyage de bouteille. Cédric nous a confié leur envie de réessayer car ils ont acquis la compétence logistique de gérer cette consigne, ils attendent maintenant la preuve que le nettoyage est bien réalisé pour se lancer.
Le deuxième objectif était d’avoir une livraison qui soit faite avec des fûts en inox. Mais pour avoir un roulement au niveau des fûts envoyés, il en fallait une quantité importante et le recours à des fûts plastiques recyclables paraissait comme une bonne solution à court terme.
Après une recherche sur le recyclage de ces fûts, Cédric s’est rendu compte qu’ils n’étaient en fait recyclables que de nom et qu’il n’y avait pas de filière qui permettait effectivement son traitement. À la suite de cette découverte, ils ont poussé l’achat de fûts inox pour passer complètement à du réutilisable.